L’eau du robinet traverse un parcours étonnant avant d’arriver à votre cuisine ou votre salle de bain. Elle se charge en minéraux au fil de son voyage dans le sol et les réseaux, et chacun de ces éléments joue un rôle dans la qualité de l’eau, le goût, la santé et même la longévité de votre électroménager. Loin d’être anodins, ces minéraux influencent aussi la dureté de l’eau (le fameux calcaire), la formation de tartre, et peuvent, parfois, soulever des questions pour les plus soucieux de leur bien-être ou des besoins particuliers de leur foyer. Comprendre leur présence, c’est faire un pas de plus vers une eau adaptée à vos attentes et à votre santé.
L’eau brute (de rivière, nappe, lac) n’est jamais vraiment pure. Lorsqu’elle percole dans le sol, avant d’être captée puis traitée, elle s’enrichit en sels minéraux dissous. La composition varie selon la nature rocheuse locale et le parcours de l’eau, mais certains minéraux sont presque toujours présents dans des proportions variables :
Chacun a sa particularité, son origine et ses effets potentiels.
Le calcium et le magnésium sont les principaux responsables de la dureté de l’eau. Ce terme technique mesure la concentration de ces deux minéraux, souvent exprimée en « degré français » (°f) ou en milligrammes par litre (mg/L).
À retenir : Une eau est considérée comme « dure » au-delà de 30 °f (soit plus de 300 mg/L de calcium et de magnésium). La moitié des Français consomment une eau entre 15 et 40 °f (Santé publique France).
Le sodium n’est pas seulement apporté par le sel de table : on le retrouve naturellement dans certaines eaux, et il peut aussi augmenter après adoucissement (les adoucisseurs à résine remplacent les ions calcium par des ions sodium). Si la teneur globale reste modérée (généralement de 5 à 50 mg/L dans les réseaux publics), certaines régions ou installations filtrantes peuvent faire grimper ce chiffre à plus de 150 mg/L.
Il est donc essentiel, si vous utilisez un adoucisseur, de contrôler la teneur en sodium de votre eau, notamment si de jeunes enfants ou des personnes sensibles y sont exposés.
Les bicarbonates, mesurés en HCO, maintiennent le pH de l’eau entre 6,5 et 8,5. Un taux élevé de bicarbonate (plus de 300 mg/L) confère à l’eau un goût légèrement alcalin et limite la corrosion des canalisations. Ils participent aussi à la formation du tartre en se combinant avec le calcium.
Les sulfates (SO) sont naturellement présents dans l’eau qui circule dans des terrains gypseux ou volcaniques. Leur concentration moyenne en France est généralement comprise entre 10 et 50 mg/L, mais l’eau potable doit strictement rester sous 250 mg/L (directive européenne, 2020).
Les dépassements sont rares dans les réseaux publics, mais peuvent survenir en cas de proximité avec certaines activités industrielles ou agricoles.
Nitrates et phosphates ne sont généralement pas présents dans l’eau à l’état naturel sauf dans certaines roches ou zones humides, mais leur présence s’explique largement par les retombées agricoles et l’utilisation d’engrais azotés et phosphorés.
Un suivi régulier et la veille des bulletins municipaux de qualité de l’eau permettent de repérer ces variations.
Le terme d’oligo-éléments désigne les minéraux présents en très faibles quantités (microgrammes à quelques milligrammes par litre). Ceux qui intéressent le plus pour l’eau du robinet sont :
La majorité de ces oligo-éléments sont sans danger, mais leur accumulation peut indiquer des problèmes de corrosion ou de pollution des réseaux.
Chaque eau de réseau possède une « carte d’identité chimique » spécifique à sa source. Pour la connaître précisément, trois solutions complémentaires existent :
Le bulletin de qualité mentionne systématiquement calcium, magnésium, sodium, potassium, chlorures, sulfates, nitrates, pH, conductivité et parfois plusieurs oligo-éléments.
L’eau du robinet contient toujours une palette de minéraux, héritée du sous-sol local et modelée par les traitements des réseaux publics. Chaque foyer gagne à connaître ce profil minéral : pour adapter ses appareils, pour le goût, ou encore pour veiller aux besoins spécifiques des petits et des grands. Les bulletins d’analyse municipaux, facilement accessibles, permettent en quelques clics d’en savoir plus sur la composition et la sécurité de l’eau distribuée à domicile. Les solutions existent pour ajuster la minéralité de l’eau, et il n’est pas nécessaire de redouter ces minéraux : ils sont dans la grande majorité des cas bénéfiques, et participent à l’équilibre vital de l’eau que l’on boit tous les jours.