Le réseau d’eau potable français puise sa ressource dans deux grands types de milieux naturels :
À voir : selon les régions, la proportion entre ces deux grandes origines varie fortement. Ainsi, l’Île-de-France s’approvisionne majoritairement en eau de surface, tandis que certaines régions du Sud-Ouest utilisent principalement des nappes souterraines comme celle de la Garonne ou la nappe de l’Albien en région parisienne (source : Eau de Paris).
Avant même d’arriver à votre robinet, l’eau a longuement voyagé à travers les sols, les roches, ou les lits de rivières, se chargeant au passage de minéraux dissous. La nature de ces terrains détermine la composition minérale de l'eau :
Au niveau du goût, une eau très calcaire donne un aspect “lourde” ou “plate” en bouche, une eau très douce peut paraître fade, voire présenter un goût légèrement acide. Le chlore, employé en traitement, n’est pas forcément lié à l’origine mais souvent plus marqué avec les eaux de surface, car elles nécessitent des désinfections plus importantes.
En France, la dureté de l’eau varie de moins de 5 °f (très douce, Bretagne, Corrèze) à plus de 35 °f (très dure, Nord, Île-de-France ; source : UFC-Que Choisir, Observatoire de l’eau). Ce n’est pas anodin : à Paris, l’eau puisée en profondeur affiche souvent une dureté supérieure à 30 °f, expliquant l’omniprésence du tartre sur les résistances des chauffe-eau !
Un autre aspect clé : la vulnérabilité aux polluants. Les eaux de surface, exposées directement aux activités humaines, sont plus sensibles aux contaminations ponctuelles (ruissellements agricoles, rejets urbains). Les eaux souterraines bénéficient d’un “effet filtre” du sol et sont en général mieux protégées mais peuvent mettre du temps à se régénérer en cas de pollution.
À noter : si une eau souterraine peut tarder à “cicatriser” après pollution, elle offre en revanche une grande régularité de qualité au fil des saisons. Ce n’est pas toujours le cas des captages de surface, plus réactifs aux aléas climatiques.
L’eau du robinet, quel que soit son point de captage, doit répondre à plus de 60 critères de potabilité fixés par la règlementation française et européenne (Décret du 20 décembre 2001). Pour atteindre ces normes, les stations adaptent leurs traitements :
Un cas d’école : la Seine, source de 55% de l’eau potable en Île-de-France, subit des traitements poussés pour contrer les pollutions variables et les fortes matières organiques. À l’inverse, l’eau de la nappe de la Vienne, à Limoges, arrive quasi brute dans les réseaux après simple aération et filtration car sa pureté naturelle est très élevée (source : SIAAP, Eau de Paris).
Les zones desservies par des eaux “dures” voient leurs bouilloires, lave-linge et chauffe-eau s’entartrer rapidement : 1 mm de tartre sur une résistance fait grimper la consommation électrique de 10% d’un chauffe-eau (Source : ADEME). Vous l'aurez compris : l'origine calcaire de l’eau impose souvent l’utilisation régulère d’anticalcaire ou d’adoucisseurs, voire le détartrage régulier des installations.
Au contraire, dans les régions d’eaux douces, la corrosion peut être favorisée dans certains tuyaux s’il n’y a pas assez de minéraux pour protéger naturellement les métaux.
Les variations de goût, d’odeur ou même de couleur de l’eau au fil de l’année sont bien souvent liées à des changements dans la source d’approvisionnement ou à l'intensité des traitements (par exemple, un goût de chlore plus marqué lors des pics de températures ou des fortes pluies).
Notons que si vous observez une modification soudaine de votre eau (trouble, goût inhabituel), il peut s’agir d’un changement temporaire de captage ou d’un incident de traitement. Les bulletins de qualité municipaux, mis à disposition par votre fournisseur d’eau, permettent de se tenir informé.
La connaissance de l’origine de son eau permet également d’anticiper certains risques pour la santé :
Sur le plan écologique, privilégier des captages protégés et bien gérés permet de limiter les traitements chimiques et d'offrir à tous une eau saine, durablement. En 2020, selon le Ministère de la Transition Écologique, 1 captage sur 4 restait menacé par des pollutions diffuses (nitrates, pesticides notamment), ce qui pose des défis majeurs pour l’avenir.
Ce type de lecture permet à chacun d’ajuster ses habitudes domestiques : utiliser ou non un adoucisseur, filtrer l’eau davantage, éviter le repassage avec une eau très dure...
Mieux connaître l’origine de son eau, c’est agir au niveau individuel et collectif :
L’origine de l’eau du robinet est la première clé de compréhension de sa qualité dans la maison, et oriente tous les choix, des appareils domestiques jusqu’aux gestes du quotidien. Rester curieux et vigilant face à cet élément fondamental, c’est donner à sa maison les fondations d’une eau douce, saine… et durable !