Chlore et eau du robinet : pourquoi vos robinets en délivrent ? Détails et conseils

Comprendre la présence du chlore dans l’eau du robinet

Ouvrir le robinet, sentir cette légère odeur « piscine »… Voici l’un des signes les plus courants de la désinfection de l’eau domestique. En France et dans de nombreux pays, le chlore est le traitement de référence pour garantir l’innocuité de l’eau potable. Pourtant, ce détail du quotidien soulève de nombreuses questions : pourquoi ajoute-t-on du chlore ? En quelles quantités ? Quels effets sur la santé et la qualité de l’eau ? D’où vient cette obligation ? Voici, en toute clarté, ce qu’il faut savoir.

Pourquoi chlorer l’eau ? Un impératif de santé publique

Le chlore a été introduit en traitement de l’eau au tout début du XX siècle, après la prise de conscience du lien entre maladies hydriques et eau contaminée. Ce gaz simple a révolutionné l’accès à l’eau sûre, notamment en combattant le choléra, la typhoïde ou la dysenterie.

  • Désinfection continue : le chlore détruit ou inactive la grande majorité des bactéries, virus et parasites présents dans l’eau brute (source : Organisation mondiale de la santé).
  • Simplicité et persistance : contrairement à d’autres techniques (ozone, rayons UV), le chlore laisse une « rémanence » : il continue à protéger l’eau jusque dans vos canalisations domestiques.
  • Protection contre la recontamination : même si un incident survient dans le réseau distribué, la protection subsiste jusqu’à votre robinet.

Grâce à ce traitement, les cas d’épidémies d’origine hydrique ont chuté de façon radicale. À titre d’exemple, la mortalité par typhoïde a quasiment disparu dans les grandes villes occidentales au cours du XX siècle (source : Institut Pasteur).

Le chlore dans l’eau de votre robinet : en quelles quantités ?

En France, les normes sont strictes. La réglementation fixe un taux maximum de 0,1 à 0,3 mg/L de chlore libre en sortie d’usine (Arrêté du 11 janvier 2007, ministère de la Santé). L’objectif : rester suffisamment bas pour limiter odeur et goût, tout en maintenant une efficacité sanitaire.

Quelques repères clés :

  • En-dessous de 0,1 mg/L : la désinfection n’est pas garantie.
  • Au-dessus de 0,3-0,5 mg/L (cas exceptionnels ou incidents réseau) : un goût plus fort, parfois de rares irritations chez les personnes sensibles.
  • À titre de comparaison : une piscine publique peut contenir 1 à 3 mg/L de chlore, soit au moins 5 à 10 fois plus qu’au robinet.

Cette faible dose suffit, car le chlore agit dès le traitement initial et protège l’eau tout au long du parcours jusqu’à la consommation. On estime qu’en France, plus de 90 % de l’eau potable est chlorée (source : Ministère de la Santé), même si certains réseaux locaux utilisent parfois d’autres méthodes (ozonation, UV) en appoint.

Chlore, qualité de l’eau et goût : les compromis nécessaires

Le goût et l’odeur chlorés font souvent débat. Pourtant, les seuils retenus cherchent à éviter la gêne sensorielle pour la majorité des usagers. Plusieurs facteurs influent sur la perception du chlore :

  • Température de l’eau : plus l’eau est chaude, plus le goût du chlore se développe.
  • Canalisations : longueur du réseau, présence de biofilm, matériaux utilisés… peuvent accentuer la saveur.
  • Eau stagnante : le goût peut s’accentuer si l’eau n’a pas circulé depuis plusieurs heures.

Astuce simple : pour diminuer ce goût au robinet, remplir une carafe et laisser reposer l’eau 1 heure au réfrigérateur : le chlore, très volatil, s’évapore rapidement. Pour aller plus loin, des carafes filtrantes ou des filtres sous évier à base de charbon actif sont efficaces (attention à les entretenir selon les recommandations du fabricant).

Quels effets le chlore a-t-il sur la santé ?

La présence de chlore à faible dose ne présente aucun risque pour la santé selon l’OMS, l’ANSES ou Santé Publique France. Le seuil d’acceptabilité toxicologique est environ 100 fois supérieur à celui de nos réseaux. Les rares effets se rencontrent à des niveaux très supérieurs (piscines, surdosages accidentels), principalement sous forme d’irritations des muqueuses ou de l’odorat.

  • Bébés et femmes enceintes : aucune restriction n’est imposée par les autorités sanitaires.
  • Personnes immunodéprimées : aucun risque identifié, le chlore étant précisément utilisé pour leur protection.

Attention toutefois : en réaction avec certains composés organiques présents dans l’eau brute (par exemple après de fortes pluies), le chlore peut former des sous-produits comme les trihalométhanes (THM). La réglementation française surveille strictement ces substances (maximum 100 μg/L pour les THM totaux), bien en-dessous de la plupart des seuils européens (source : ANSES, 2021). Les études à long terme n’ont pas montré de risque avéré aux niveaux mesurés en France, mais c’est un point de vigilance permanente.

Quel impact du chlore sur les équipements domestiques ?

Au quotidien, le passage du chlore dans la plomberie et les appareils électroménagers ne cause pas de détérioration significative aux doses présentes dans l’eau potable.

  • Tuyauteries : Les réseaux en cuivre, PER, multicouche ou PVC ne sont pas altérés.
  • Robinetteries : Pas d’effet corrosif aux concentrations usuelles.
  • Réfrigérateurs ou machines à café : peuvent voir leur tuyauterie interne en plastique légèrement colorée à la longue, sans impact sanitaire.

Petit point d’attention : le chlore a tendance à oxyder plus rapidement certains joints en caoutchouc mal adaptés (notamment dans de vieux appareils ou des installations industrielles plus anciennes). Si des fuites apparaissent régulièrement, vérifier la compatibilité des pièces de rechange avec l’eau chlorée peut être utile.

Le chlore est-il obligatoire dans l’eau du robinet partout en France ?

La France a fait le choix d’imposer une protection microbiologique continue de l’eau dès le captage, jusqu’au point de livraison. Pour répondre à cette exigence sur tout le réseau, le chlore demeure incontournable, surtout dans de grandes agglomérations où l’eau parcourt plusieurs dizaines de kilomètres.

Quelques régions, disposant de ressources insensibles à la contamination (nappes profondes, sites protégés), limitent parfois le recours au chlore ou le combinent avec d’autres méthodes. L’usage du chlore reste par ailleurs exigé en cas d’incidents, même sur ces réseaux « naturellement protégés ».

À savoir : si une analyse révèle la moindre suspicion de contamination, un « re-chlorage » massif est appliqué (parfois jusqu’à 1 mg/L) en urgence, le temps de purger le réseau et d’éliminer tout risque. Ces épisodes sont annoncés publiquement (voir les arrêtés préfectoraux d’eau non conforme).

Comment limiter la présence de chlore chez soi ?

Pour celles et ceux souhaitant réduire le goût de chlore au quotidien, plusieurs solutions existent, toutes simples :

  1. Laisser reposer l’eau : une carafe ouverte au réfrigérateur permet au chlore de s’évaporer en moins de deux heures.
  2. Utiliser une carafe filtrante à charbon actif : ces filtres retiennent le chlore et les composés responsables du goût, tout en laissant passer les minéraux adaptés à l’organisme (ministère de la Santé, fiche pratique).
  3. Installer un filtre sous-évier : adapté pour les familles très sensibles au goût, à entretenir selon le mode d’emploi.

Attention : un filtre mal entretenu peut vite devenir un foyer bactérien, car il neutralise justement la « protection chlore » du réseau. Respecter les instructions du fabricant et changer les cartouches dès que le délai est écoulé (typiquement tous les 1 à 3 mois selon usage et modèle) !

Existe-t-il des alternatives au chlore ?

D’autres technologies ont été développées pour désinfecter l’eau potable : ozonation, rayonnement ultraviolet, dioxyde de chlore… Mais si elles présentent des avantages (pas d’odeur ni de goût, efficacité forte sur certains micro-organismes), leur effet n’est pas rémanent : l’eau peut se recontaminer dans le réseau.

En France, seul le chlore ou certains composés dérivés (comme l’hypochlorite ou le dioxyde de chlore) garantissent à la fois une désinfection initiale et une protection jusqu’au robinet. C’est pourquoi, même lorsque l’eau est traitée par UV ou par ozone dans certaines villes, une dose infime de chlore peut être ajoutée avant distribution.

À noter : des réseaux d’eau de source privés ou certaines installations collectives (écoles rurales, refuges…) optent parfois pour des solutions sans chlore, mais ces cas restent très minoritaires et contrôlés (source : eaufrance.fr).

Questions fréquentes sur l’eau et le chlore : points-clés à retenir

  • Le chlore protège l’eau potable contre les microbes, du traitement initial jusqu’à votre verre.
  • Sa dose dans l’eau de ville est sans risque pour la santé, surveillée continûment par les services publics.
  • Le goût ou l’odeur de chlore peuvent varier selon réseau, température et stagnation de l’eau.
  • Des solutions existent à la maison pour réduire la perception du chlore (aération, carafe filtrante…)
  • Les systèmes alternatifs (ozone, UV…) ne remplacent pas totalement le besoin d’une rémanence : le chlore reste la référence dans les réseaux collectifs.

Se réconcilier avec le chlore dans l’eau domestique : un équilibre entre sécurité et confort

Longtemps perçu comme un symbole du progrès sanitaire, le chlore reste la clé d’une eau saine dans nos habitations modernes. Si le goût ou l’odeur peuvent surprendre, ils sont le prix d’une sécurité invisible mais indispensable, bien plus douce que les maladies du passé. Mieux comprendre son rôle, ses limites et les moyens simples pour l’atténuer à la maison : voilà une première étape pour reprendre la main sur la qualité de son eau, sans crainte ni excès. Et c’est aussi une invitation à prendre soin de l’eau, de la source jusqu’à nos robinets.